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    19 novembre 2012

    Dépaysant !

    Premier tome de la Trilogie de l’Héritage, « Les cent mille royaumes » n’est pas loin d’être le coup de cœur de ce mois-ci ! Et croyez-moi, ça se joue de peu, tant j’ai adoré parcourir les corridors de Ciel en compagnie de Yeine et de ses dieux déchus. Un vrai plaisir de lecture dont on ne voit pas les pages défiler…

    C’est tout simple, on avale le roman en deux bouchées et on meurt d’envie d’avoir du rab’ (oui, très élégante ma métaphore, je sais). Je voulais juste mettre l’accent sur le fait qu’il est plutôt rare dans les romans de fantasy – souvent longs – de vouloir que l’aventure continue sur encore une centaine de pages… Ce premier tome ne souffre d’aucune longueur, bien au contraire, tout y est maitrisé de main de maitre. Pour un coup d’essai, Jemisin frappe fort… et de façon originale, sans tomber dans le piège des poncifs fantaisistes de la quête, du voyage initiatique à travers de nombreuses contrées (voyage obligatoire pour accomplir sa destinée), du bestiaire connu et usé jusqu’à la trame (ici, pas d’elfes, de nains, de dragons et j’en passe). Bref, une petite bulle d’oxygène bienvenue dans ce genre trop souvent enfermé dans son carcan.

    A quoi s’attendre alors en lisant « Les cent mille royaumes » ? A une épopée fabuleuse qui nous plonge dans l'aventure jusqu’au cou et dont on ressort soufflé par sa trame magistrale qui nous embarque sur les traces d'anciens dieux méprisés de tous, de querelles et de jalousies divines. L’auteur réussit le tour de force de nous faire voyager bien que toute l’intrigue de ce premier tome se passe dans un seul et même endroit. Cela tient plus à l’ambiance opulente qui s’en dégage, très « mille-et-une nuits » par certains côtés, bien que ce soit sûrement une interprétation de ma part. L’atmosphère si particulière de ce premier tome fait mouche et immerge le lecteur dès les premiers chapitres. La narration qui fait la part belle à l’introspection de Yeine et aux sentiments intimes des personnages, est le deuxième point fort du récit. Ce procédé permet au lecteur de se sentir proche des protagonistes et de les comprendre pleinement.

    Yeine, l’héroïne de ce premier tome, est un personnage particulièrement réussi, avec ses multiples facettes (mais non, je ne dévoilerai rien, promis !). Régulièrement perçue comme une sauvage car elle refuse les faux-semblants et les propos obséquieux si communs à la cour, elle est surtout quelqu’un de franc et de déterminé. On ne peut que l’apprécier. A plus forte raison, quand elle démontre sa force de caractère face à ses ennemis Arameris aux dents longues. Et puis, il y a Sieh et Nahadoth, les enefadehs comme ils se nomment, qui possèdent un charisme fou. J’ai d’ailleurs une petite préférence pour Sieh qui me rappelle Aladin dans le manga Magi, avec ses facéties et sa capacité à se faire aimer. Le seigneur de la nuit, quant à lui, n’est pas sans rappeler Daimon de la trilogie des joyaux noirs d’Anne Bishop. Son côté sombre et mystérieux fascine forcément. Par contre, si vous êtes adepte des romans de fantasy plein de bruit et de fureur avec à la clé batailles épiques et sanglantes, « Les cent mille royaumes » pourrait bien vous décevoir par sa subtilité et ses jeux de pouvoir…