Notre crime

Emile Brami

Ecriture

  • Conseillé par
    16 avril 2018

    Notre crime est l'histoire terrible d'un homme que le mensonge a contraint a une vie de solitude.
    Pour ne pas briser le coeur de son père qui rêve de le voir devenir avocat, Azed feint pendant plusieurs années de suivre des cours de droit. Mais plutôt que de se rendre à Assas, il erre seul dans les rues de la capitale. Englué dans un piège dont il n'arrive pas à se dépêtrer, il souffre. Jusqu'à ce que s'effondre l'édifice de ses mensonges. Il doit alors fuir… mais pas sans avoir eu la tentation de commettre un geste fatal qui aurait pu définitivement bousiller sa vie.
    Cette histoire peut paraître bien banale mais Emile Brami sait la rendre particulièrement passionnante et émouvante grâce à la construction astucieuse de son roman.
    Avant de raconter l'histoire d'Azed, l'auteur évoque assez longuement les raisons, vraies ou fausses, qui l'ont poussé à écrire cette histoire, parle de lui et de son travail d'écriture. Puis, il donne la parole à Abraham Zeitoun, surnommé Azed (d'après ses initiales) qui fait le récit son parcours chaotique. Pour terminer, une lettre de la soeur d'Azed vient donner un tout autre éclairage sur cette affaire, la rendant encore plus poignante. Et peu importe qu'elle soit fictive ou non.
    Notre crime ne traite pas que du mensonge mais aborde plus largement le thème de l'exil. Ou plutôt du voyage sans retour possible dans sa propre vie, sa famille et son pays natal.
    J'ai longtemps hésité avant de faire cette lecture tant la sinistre photo de couverture me rebutait en me laissant imaginer une écriture obscure, voire hermétique. Mais je me trompais et j'ai été plus qu'agréablement surprise. Je ne peux que vous conseiller de découvrir, vous aussi, pourquoi ce roman s'intitule Notre crime.


  • Conseillé par
    4 février 2018

    Un roman assez inégal pour moi, écrit en deux grosses parties et deux plus petites. La première est celle de la rencontre, intitulée Moi, Émile Brami. Elle n'est point sous-titrée "roman" et laisse donc penser à une certaine réalité. C'est celle qui raconte comment Émile et Azed se rencontrent, comment Émile en est venu à fréquenter cette famille qu'il fuyait auparavant. Pas mal, mais un peu longue et pas toujours captivante, sans doute parce qu'alourdie par des détails inutiles et des conversations qui auraient méritées d'être raccourcies.

    La deuxième partie, intitulée Lui, Abraham Zeitoun, dit Azed, et sous-titrée "roman" et nettement plus vive, plus émouvante. C'est Azed qui raconte sa vie dans une famille soumise au père tout puissant et repliée sur elle-même. C'est le ton dont use Émile Brami qui la rend plus attrayante : il n'y a plus de dialogues ou peu et débute par cette phrase que j'aime beaucoup : "Je ne t'apprendrai pas, Émile, que l'histoire des fils commence bien avant eux, avec celle de leur père." (p.107). Émile va au plus profond de son personnage, Azed, et nous lecteurs de nous demander ce qui est de la fiction et de la réalité et de s'en moquer ensuite, puisque le récit drôlement bien mené suffit à nous emballer et que le plus important n'est pas de savoir ce qui est né de l'imagination du romancier ou ce qui est de son expérience personnelle, les deux s'entremêlant sans doute très fortement.

    Suivent une courte troisième et une très courte quatrième parties, dans lesquelles Émile Brami brouille encore plus les pistes sur la réalité et la fiction et s'amuse avec ses lecteurs, même si le propos n'est pas à la rigolade.

    Je sors de ce roman un peu mitigé sur la première partie, mais comme les suivantes m'ont bien plu, j'oublie assez vite les réserves des premières pages pour ne garder que le meilleur de ce roman, le premier d'Émile Brami que je lis qui en a pourtant écrit plusieurs ainsi que du théâtre et des essais et une biographie de Louis-Ferdinand Céline.