- EAN13
- 9782246696797
- Éditeur
- Grasset
- Date de publication
- 02/2006
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Autre version disponible
-
Papier - Grasset 9,90
A l'égard de la très grande majorité des criminels et des délinquants, la
prison a perdu sa raison d'être. Des solutions de rechange plus performantes
et plus humaines (moyens modernes de surveillance à distance, biométrie,
surveillance électronique, vidéosurveillance) existent. Notre raison en
convient mais quelque chose de très profond et de très inavouable, à
l'intérieur de chacun d'entre nous, renâcle... Nous ne pourrons envisager de
substituer la surveillance à distance à la réclusion de longue durée qu'après
avoir purgé nos cerveaux de l'utopie carcérale selon laquelle le coupable
trouve dans l'isolement et la privation de liberté, à travers les épreuves
d'une souffrance méritée, la force de se régénérer. Or cette utopie renoue
avec une conception de l'enfermement antérieure à la réforme pénitentiaire du
XVIIIème siècle, qui avait précisément consisté à faire échapper le condamné à
la destruction physique ainsi qu'à la cruauté des sévices. La prison était à
l'époque parvenue à se faire accepter à la place des mille douleurs réclamées
par le désir de vengeance de la société. Si la prison résiste aujourd'hui au
changement, ce n'est pas à sa rationalité qu'elle le doit, mais à sa
symbolique. Ce sont ses échecs qui la maintiennent, non ses succès. Elle
échoue dans l'objectif de réinsertion qu'elle proclame, elle réussit à
étancher la passion vengeresse et à infliger une cruauté qu'elle camoufle.
prison a perdu sa raison d'être. Des solutions de rechange plus performantes
et plus humaines (moyens modernes de surveillance à distance, biométrie,
surveillance électronique, vidéosurveillance) existent. Notre raison en
convient mais quelque chose de très profond et de très inavouable, à
l'intérieur de chacun d'entre nous, renâcle... Nous ne pourrons envisager de
substituer la surveillance à distance à la réclusion de longue durée qu'après
avoir purgé nos cerveaux de l'utopie carcérale selon laquelle le coupable
trouve dans l'isolement et la privation de liberté, à travers les épreuves
d'une souffrance méritée, la force de se régénérer. Or cette utopie renoue
avec une conception de l'enfermement antérieure à la réforme pénitentiaire du
XVIIIème siècle, qui avait précisément consisté à faire échapper le condamné à
la destruction physique ainsi qu'à la cruauté des sévices. La prison était à
l'époque parvenue à se faire accepter à la place des mille douleurs réclamées
par le désir de vengeance de la société. Si la prison résiste aujourd'hui au
changement, ce n'est pas à sa rationalité qu'elle le doit, mais à sa
symbolique. Ce sont ses échecs qui la maintiennent, non ses succès. Elle
échoue dans l'objectif de réinsertion qu'elle proclame, elle réussit à
étancher la passion vengeresse et à infliger une cruauté qu'elle camoufle.
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