Économie et vie spirituelle

L’économie politique se présente comme une science, et une science se construit normalement en dehors de tout système de normes spirituellement orienté. Un des fondateurs de cette branche, Adam Smith, a déclaré en 1776 que la meilleure façon de travailler au bien-être d’une société consiste à mettre de côté sa préoccupation consciente, et c’est bien sur ces bases que la plupart de ses successeurs devaient travailler par la suite. Une telle prise de position paraît écarter de façon radicale, non seulement le spirituel, mais même la simple morale, du champ de l’analyse économique. De leur côté, ceux qui attribuent une validité à la notion de vie spirituelle n’entendent pas limiter son champ d’application à un domaine trop restreint, en excluant a priori le plan économique, dont on sait la place qu’il occupe dans l’existence humaine. « Les affaires qui permettent à une personne de gagner sa vie occupent généralement ses pensées durant la plus grande partie du temps, et de loin où son esprit est le plus alerte » (Alfred Marshall, 1890). Dès lors la question de l’articulation de l’économie et de la vie spirituelle se trouve posée. Pour y répondre, on s’est d’abord demandé si cela a un sens de parler de doctrine chrétienne en matière économique et sociale. On met ensuite en question, du point de vue spirituel, les positions théoriques des différentes écoles qui se partagent aujourd’hui le discours économique, ainsi que des orientations pratiques découlant de leurs choix, et on se livre enfin à une investigation sur la notion de développement.