La Passion érotique des étoffes chez la femme (rééd.)

« Je ressens un gonflement de la gorge, et de l’estomac, puis je perds connaissance. Mais quand je peux prendre l’étoffe, je la froisse, cela me produit un serrement d’estomac particulier, ensuite, j’éprouve une espèce de jouissance qui m’arrête complètement la respiration ; je suis comme ivre, je ne peux plus me tenir, je tremble, non pas de peur, si vous voulez, mais plutôt d'agitation, je ne sais pas. Je ne pense pas à la mauvaise action que je viens de faire. Dès que je tiens la pièce dérobée, je vais m’asseoir à l’écart pour la toucher et la manier, c’est là qu'on me voit. »
Clérambault reçoit des femmes dont la sexualité est en relation avec les tissus les plus divers et leur maniement. Ces femmes lui sont généralement amenées par la police car elles ont été surprises dans un grand magasin à voler de la soie et à se masturber sans avoir eu la force de résister avant même d’être rentrées chez elles. Clérambault va les écouter avec passion car lui-même est un amoureux du tissu et des drapés.
Gaëtan Gatien de Clérambault (1872-1934) fut médecin-certificateur à l'Infirmerie psychiatrique de la Préfecture de Paris (ancienne Infirmerie Spéciale du Dépôt) de 1905 à 1934 ; blessé durant la Grande guerre 14-18, ethno-photographe (plus de 30 000 clichés) lors de convalescences au Maroc ; professeur associé d’Esthétique et de Drapé à l’École des Beaux-Arts de Paris de 1922 à 1930. Il reste un personnage d’exception au détour d’une vie toute en mosaïque dont la mise en scène finale du suicide ajoute encore à la complexité de la personne, de son génie singulier et de son mystère.