La Tournée 42
EAN13
9782916359137
ISBN
978-2-916359-13-7
Éditeur
Oisaux de Papier
Date de publication
Collection
DES LIVRES ET V
Nombre de pages
416
Dimensions
23 x 15 x 3,2 cm
Poids
580 g
Langue
français
Code dewey
843
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Le 16 juillet 1942, à huit heures du matin, Abraham était parti de chez lui, au 27 chemin des Iselles, à Villennes-sur-Seine.
Il avait un ou deux rendez-vous d’affaires. Toujours très élégant, portant guêtres et chapeau à bords roulés, une canne de bois précieux à poignée d’argent à la main, il avait embrassé Béky son épouse et sa fille Élise, en leur recommandant de ne pas sortir de la maison. Il était parti avec le peu d’argent qui leur restait, quelques centaines de francs, depuis que le directeur de sa banque, à Poissy, lui avait signifié avec mépris que l’argent des Juifs était désormais séquestré. Abraham en avait beaucoup sur un compte courant et encore plus dans un coffre. Les bijoux de sa femme s’y trouvaient également mais il était impossible de les récupérer, le coffre étant sous scellés, en attendant l’inventaire. Béky, la gorge serrée, avait regardé son mari remonter le grand jardin jusqu’au portail. « Pourvu qu’il revienne cet après-midi », avait-elle pensé. Rien qu’à l’idée qu’il ne revînt pas, elle avait été, comme chaque fois qu’il quittait la maison pour aller à Paris, secouée de frissons. Elle passait son temps à s’inquiéter et elle avait des raisons : deux de ses fils étaient prisonniers en Allemagne et les deux autres étaient… quelque part en France, elle ignorait où. Ils repassaient l’embrasser de temps en temps, pour repartir aussi vite qu’ils étaient venus, de préférence la nuit. Elle les soupçonnait de faire partie de la Résistance.
Seule Élise, la petite dernière, était restée à la maison, ayant interrompu ses études depuis plusieurs mois et partageant ses loisirs entre ses livres et son piano.
À la gare de Villennes, Abraham avait acheté le journal et était monté dans le dernier wagon, comme la loi l’imposait à ceux qui portaient une étoile sur le cœur. Le train n’avait pas eu de retard. À neuf heures moins dix, Abraham traversait la cour de la gare Saint-Lazare et remontait la rue du même nom en direction de la Chaussée d’Antin. La chaleur, bien qu’il soit encore tôt, était accablante. Il s’arrêta un instant, un peu essoufflé, ôta son chapeau, sortit un mouchoir et s’épongea le visage.
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